Comment évaluez-vous les perspectives d‘une société STILL étran- gère dans la stratégie multimarque du groupe KION ? Le client comprend-il la différenciation des différentes marques et les com- pare-t-il au profil de ses propres exigences ? Hugo De Meyer: « À mon avis, il est important que les appareils du groupe KION ne présentent jamais trop de pièces identiques. Le client doit savoir qu’au fond, il achète un appareil STILL. À long terme, ce sont l’honnêteté et la fiabilité qui comptent pour les grands clients. En tant que directeur d’une société étrangère, je me suis toujours oc- cupé moi-même des grands clients. C’est important, car il faut toujours leur donner le sentiment que l’on fait ce qui a été convenu. » En votre qualité de directeur, vous étiez aussi responsable de la motivation et de la direction de l’équipe belge. Rétrospectivement, pouvez-vous identifier une « culture d’entreprise STILL » uniforme, vécue également au sein de la société étrangère, ou y a-t-il une prédominance des particularités régionales ? Hugo De Meyer: « Les directives STILL aident à entretenir l’image de marque au quotidien et à garantir une présentation uniforme dans le monde entier. En tant que cadre, il faut pouvoir clairement dire « oui » ou « non », même face à la maison mère de Hambourg. Un « non » doit bien évidem- ment être justifié par des arguments compréhensibles, même si la maison mère est finalement libre d’imposer la marche à suivre comme elle l’entend. » Comment décririez-vous la collaboration avec la maison mère de Hambourg ? Vous êtes- vous plutôt considéré comme entrepreneur à l’intérieur de l’entreprise (au sens de l’esprit d’entreprise) ou comme responsable des intérêts de la maison mère de Hambourg ? Hugo De Meyer: « Après coup, je dois dire que j‘étais les deux : une sorte de manager exécutif des consignes de Hambourg d‘une part, et un entre- preneur à l‘intérieur de l‘entreprise d‘autre part pour la mise en œuvre pratique de la politique de vente dans les affaires quotidiennes. Bien que 58 Du producteur au prestataire international la maison mère de Hambourg réglementait de nombreuses choses et qu‘il fallait lui soumettre le plan financier, nous étions finalement entièrement responsables du résultat annuel. Pour moi, ça avait aussi des avantages : il était plus simple de contrer les demandes et revendications des collabora- teurs en répondant que ceci ou cela était interdit par Hambourg plutôt que de devoir argumenter moi-même. Par contre, j‘ai toujours pris les déci- sions liées aux ressources humaines moi-même. Les critiques ont toujours été très rapides : sur le très petit marché belge, 40 à 50 appareils, c‘est déjà beaucoup. Par exemple, lorsqu‘un concessionnaire belge d‘OM s‘était vu attribuer un marché de l‘armée belge, Monsieur Schröder m‘a immédia- tement fait part de sa très nette déception de Hambourg par téléphone. » À votre avis, qu’est-ce qui a changé au fil des ans, en Belgique en par- ticulier, mais aussi dans l’ensemble du groupe STILL, dans la manière dont la maison mère de Hambourg dirige les sociétés étrangères ? Hugo De Meyer: « Tout d’abord, chez KION, enfin, STILL n’occupe plus la seconde place derrière le « chouchou », comme c’était le cas dans le groupe Linde. Aujourd’hui, chez KION, ce qui compte toujours aussi, c’est le flux de trésorerie, alors qu’avant, à l’époque de Linde, seul le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement comptait, ce qui réduisait la considération au résul- tat. Par rapport au passé, les rapports avec la centrale de Hambourg sont aujourd’hui plus détendus et orientés vers le dialogue. Avant, presque tout ce qu’il fallait décider devait être présenté à Hambourg. Toute la planification d’un bout à l’autre. Aujourd’hui c’est certainement différent. Chez Linde, il fallait présenter la planification. Toutes les présentations d’autres entreprises du groupe y étaient examinées ensemble, puis les sociétés étrangères rece- vaient le cas échéant des augmentations des contingents définis. Les unités vendues étaient importantes pour le chiffre d’affaires pendant 11 mois. Le 12e mois, c’était tout d’un coup le résultat (BAIIA). C’est un peu tard lorsque le nouvel exercice commence le 1er janvier. Ça a toujours motivé mon esprit sportif de joueur de tennis : si je peux gagner 6:0, je ne gagne pas 6:2. » Du producteur au prestataire international 59